Un article de Pascale Vinot, chef de projet DATAtourisme au sein de la RN2D
Depuis de nombreuses années, la gestion de l’information touristique à travers les « SIT » (Systèmes d’Information Touristique) déchaîne les passions (sic) sur la toile mais aussi au sein des colloques et séminaires consacrés au e-tourisme… avec toujours les mêmes refrains, repris en chœur par tous ceux qui oeuvrent au service du tourisme en France : ah les bases de données en silos, ah le coût de fonctionnement des SIT, le millefeuille, sans parler des imbroglios juridiques … et si seulement la norme TourinFrance … et si seulement la qualification des données … et si tout était rassemblé dans un seul SIT national …
Une fois ces constats faits et refaits, et une fois les quelques « yakafokon » exprimés, il est aujourd’hui plus que temps de passer à la vitesse supérieure avant que l’histoire de l’information touristique se poursuive sans nous. Nombreux sont déjà ceux parmi les diffuseurs qui ont jeté l’éponge et préfèrent s’alimenter auprès d’autres bases de données telles DBpédia, certes moins fiables et moins complètes, mais au moins faciles à exploiter.
Profiter du mouvement open-data pour se coordonner
Et si chacun de nous, acteur du tourisme, petits et grands, publics et privés, mettions en commun nos idées et notre énergie au service d’un projet collectif qui consisterait à créer un guichet unique de la donnée touristique ? Et si ce guichet unique était alimenté par tous, OT, CDT, CRT ? Et si les données étaient faciles à exploiter ? en open-data ? Et si, en plus, on essayait de réfléchir ensemble à améliorer le service à travers une meilleure qualification des données ?
C’est toute cette ambition qui est exprimée aujourd’hui à travers le projet DATAtourisme, auquel VOUS avez l’opportunité de participer…
Initié par un collectif de CDT/ADT en 2012, à l’époque persuadés de l’intérêt de s’engager vite et collectivement dans une politique d’ouverture des données, puis couvé par le Rn2D pendant plusieurs mois pour en définir les contours, DATAtourisme est aujourd’hui porté par l’Etat, à travers la DGE (sous-direction du tourisme). Le Rn2D en est le chef d’orchestre sur le plan opérationnel et technique, tandis que la DGE pilote le volet stratégique.
Le principe de DATAtourisme est simple :
- La création d’un format commun pour la diffusion de toutes les données, basé sur les actuelles normes internationales (schema.org pour ceux à qui cela parle !),
- La réalisation d’un logiciel en ligne avec trois principales fonctionnalités : agréger les flux XML émanant des différents SIT (pas de déstabilisation de l’existant), aligner les données hétérogènes entrantes vers le format homogène de sortie (tables de correspondances), et diffuser des jeux nationaux de données ouvertes (API open-data),
- La mise en place d’une réflexion collective autour de la question de la qualification et de la fiabilité des données, menant à une démarche de progrès.
Créer de nouveaux services numériques au profit de toute la Destination France
En rassemblant plus d’un million d’objets d’information touristique collectés par les OT / CDT / CRT, DATAtourisme a pour but de valoriser l’activité de TOUS les territoires :
- un seul flux de données, paramétrable et à jour, accessible en open-data,
- des start-ups et autres diffuseurs accédant en un clic aux données issues de toute la France,
- une visibilité des données décuplée grâce à la simplicité technique mais aussi juridique du dispositif (pas de convention de diffusion mais une licence open-data identique pour tous)
- des jeux de données pertinents, répondant aux attentes des utilisateurs : les fêtes et manifestation, les points d’intérêt touristiques et les activités de loisirs et de pleine nature, constitueront les premiers jeux de données agrégés dans DATAtourisme.
Demain, de nombreux sites web pourront ainsi voir leurs contenus enrichis par de la donnée touristique : un site de météo pourra recommander des idées de sortie en fonction du temps, un groupe de presse pourra mettre à jour son agenda local en temps réel …
Côté institutionnel, l’objectif de DATAtourisme est de faciliter la promotion des destinations touristiques à toutes les échelles, y compris celle des nouvelles régions et du national : le portail France.fr pourra par exemple bénéficier de jeux de données déjà agrégées et qualifiés.
Et si l’on se projette un peu plus loin, l’étape suivante consistera à croiser les jeux de données avec des bases de données d’autres secteurs, tels la culture ou les transports, afin de créer encore plus de services.
Un projet R&D innovant tant sur le fond que sur la forme
Pour mettre en œuvre le projet, la méthode de travail retenue se veut innovante : un travail de co-construction qui fait travailler ensemble producteurs et diffuseurs, publics et privés, rassemblés dans des groupes de travail collaboratifs animés par le Rn2D.
Le pilotage du projet se veut aussi innovant, avec un comité d’expertise composé de producteurs de données (représentant les OT, CDT, CRT) chargé de valider les aspects techniques, tandis qu’un comité d’orientation réunit les partenaires nationaux autour de la DGE pour traiter des questions stratégiques.
Retenu en 2015 dans le cadre du PIA « industrialisation de la mise à disposition de données ouvertes », DATAtourisme bénéficie de financements à hauteur de 50% pour sa phase « recherche & développement ». L’autre moitié des fonds est essentiellement apportée par le Rn2D et ses adhérents ADT/CDT. La DGE y contribue également. Reste à mobiliser les troupes autour du projet, et à réfléchir dès à présent à la phase d’industrialisation de DATAtourisme, qui pourra se mettre en place une fois l’essai transformé. Là aussi, la réflexion se veut collaborative, avec un groupe de travail « business model & gouvernance » animé par la DGE.
De nombreux partenaires publics et privés mobilisés
Actuellement, les gestionnaires de SIT, OT / CDT / CRT, se mettent en ordre de bataille pour participer activement aux travaux et apporter leur expertise tantôt sur le volet normalisation, tantôt sur la partie logicielle, ou encore sur les problématiques de qualification des données. Les groupes de travail se mettent en place, un club des producteurs s’est formé et un site DATAtourisme.fr est en cours de développement pour devenir une plateforme d’échanges autour du projet. Au total, près de 40 bases de données régionales et départementales participent à cette phase R&D, représentant les ¾ du territoire national. On compte notamment parmi les membres actifs du projet les réseaux APIDAE, SIRTAQUI, SITLOR, et bien d’autres.
De nombreux partenaires se mobilisent aussi autour du projet, parmi lesquels les fédérations OTF, Destination Régions, Rn2D, ainsi que des instances nationales comme Atout France, Etalab, mais aussi l’IGN. Les futurs réutilisateurs privés de la donnée sont également nombreux au rendez-vous, on peut citer notamment le Welcome City Lab, Cirkwi, le groupe Midi libre, le groupe Se Loger, qui ont été parmi les premiers à soutenir le projet. Sans oublier un autre acteur privé, qui a accepté de nous accompagner dans cette aventure : IKOULA, qui sera à nos côtés pour héberger l’entrepôt DATAtourisme.
Une rencontre DATAtourisme à St Raphaël !
Enfin, Voyage en Multimédia participe aussi activement à DATAtourisme : un stand sera consacré au projet dans l’espace showroom, mais aussi et surtout vous pourrez devenir vous-même acteur du projet en participant à l’après midi DATAtourisme organisé dans le cadre des side events VEM7, mercredi 3 février de 14h à 18h !
Au programme, un après-midi en mode participatif qui réunira OT, CDT, CRT, start-ups, partenaires et autres diffuseurs de données touristiques autour de groupes de travail où chacun participera à la co-construction de ce projet.
Rendez-vous dans la rubrique side events du salon pour vous inscrire !
Votre contact : Pascale Vinot, chef de projet DATAtourisme (p.vinot@rn2d.net, 01 44 11 10 26)